Les actualités

Du 2017-08-04 au 2017-09-05

Le Dieu des longues routes

On pourrait dire que ces trois êtres humains étaient des nomades… un peu comme le Dieu de la Bible est un Dieu nomade qui marche avec son Peuple au désert et qui fait savoir à David qu’il préfère cheminer avec son Peuple plutôt que d’être installé dans une maison (2 Sam 7, 1-17). Un peu aussi comme ce Père qui court vers son fils revenant ou ce berger qui part à la recherche de la brebis égarée.

Même s’ils marchaient beaucoup, Bouddha, Socrate et Jésus s’arrêtaient pour faire le plein et comptaient sur de fidèles amis et supporteurs qui leur permettaient de se reposer, de faire le point, de se nourrir dans tous les sens du terme. Ayant décidé de se tenir éloignés des honneurs et des richesses, ils menaient une vie simple, indépendante, en mouvement, assez rude pour leur faire apprécier parfois le plaisir de bien manger et de bien boire avec des amis. Sans cesse sur la route, en marche et tournés vers les autres, ces trois sages étaient à la fois dans le monde et pourtant capables de s’en détacher suffisamment pour demeurer éveillés, attentifs et conscients. Sculpté par la marche, façonné par elle, car la marche est le symbole de ma vie, le symbole de mes priorités, le symbole de ma sagesse. Je pense à l’escargot qui marche lentement, admire les brindilles, se nourrit de son chemin et sait se protéger; je pense à l’Homme moderne branché 24 heures sur 24, tellement soucieux de ses affaires et de ses apparences, sans cesse en concurrence et inconscient de l’avenir de l’humanité, roulant à toute allure jusqu’à épuisement de son carburant.

Tu es le Dieu des longues routes... Tu es le Dieu qui vient marcher sur nos chemins, nous rencontrer et nous accompagner. Lumière dans nos vies pour nous aider la nuit à traverser la mort et le danger, et nous ouvrir la liberté. Cette chanson de Noël Colombier décrit bien notre Dieu nomade et marcheur qui nous rejoint patiemment sur nos chemins d’Emmaüs pour nous questionner, nous faire méditer et nous garder hors du tombeau. Ce Dieu est même capable de relever les faibles, les assis, les fermés, les déprimés, pour les remettre à la marche… et il compte sur nous, ses disciples et témoins, pour les chatouiller, les détendre, les apaiser et les remettre à la marche.

Du 2017-08-02 au 2017-09-01

Dieu créateur

Du 2017-08-01 au 2017-08-31

Evolution du Pérou

L’évolution du Pérou vue par deux missionnaires

« À notre arrivée, par exemple, les rôles entre les hommes et les femmes étaient bien campés. Si je pense au tricot, c’étaient les hommes qui s’adonnaient à cette activité alors que les femmes se chargeaient de filer la laine des moutons, des lamas et des alpagas. »
Il leur a fallu apprendre la langue locale, s’imprégner des coutumes tout en s’arrangeant pour s’équiper du nécessaire, dont une Jeep afin de pouvoir circuler d’un village à l’autre.
Dans leur approche du développement, les religieuses ont adopté une méthode consistant à apporter une valeur ajoutée à une activité traditionnelle. Ainsi, au lieu de simplement récolter et filer la laine pour la vendre au marché à très petit prix, elles ont amenés les Andins à fabriquer des vêtements (foulards, tuques, bas, chandails, ponchos) qu’ils pouvaient offrir avec un profit plus élevé.
« Nous avons également fait en sorte que les motifs sur ces vêtements représentent des valeurs ancestrales pour eux, telle l’importance du soleil ». Pour sa part, Elmire Allary a travaillé à développer des jardins communautaires. « Il faut dire que la première récolte n’était pas terrible et que les hommes en ont profité pour dire que ce n’était pas un travail pour les femmes, raconte-t-elle. Les années qui ont suivi leur ont donné tort ».
Au bord de la faillite, le Pérou – un producteur minier important – s’est tourné vers le Fonds monétaire international au cours des années 1980. Il en a résulté l’arrivée de compagnies multinationales qui ont commencé à exploiter les ressources justement au moment où le prix des métaux était très élevé.
« Sous certains aspects, cela a été une bonne chose, précise Sr Allary. Ils ont dû construire des routes, ce qui a réduit l’isolement des villages. Les gens ont trouvé des emplois bien payés. Les camps miniers offraient de petits hôpitaux et des écoles. Une partie des revenus a également été réinvestie afin de former des techniciens et des technologues qui trouvaient des emplois dans la mine ou encore, créaient de petites entreprises de fournisseurs. Cependant, il y a eu des luttes de travailleurs, la pollution des sols et des eaux et les activités agricoles traditionnelles ont été restreintes car les mines occupaient de vastes portions du territoire. »
Deux approches au développement donc, la première fondée sur la collaboration, l’enseignement et la préservation des valeurs traditionnelles. La seconde, plus intrusive, rapproche ces communautés du niveau de vie des sociétés plus riches mais le prix à payer se traduit par une certaine perte d’identité.
La durée de vie des mines est d’environ un quart de siècle après quoi leurs dirigeants décident s’il faut continuer, ou non, d’investir pour 25 années supplémentaires, ce qui laisse les deux missionnaires inquiètes. Qu’arrivera-t-il si les minières quittent, s’interrogent les religieuses.

Photo : Sr Elmire Allary et Sr Agnès Bouchard, religieuses missionnaires.

Journal Le Rempart 05/27/2017