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Novembre 2022

Du 2022-11-12 au 2022-12-12

TRANSMETTRE POUR ENRACINER

« Donner, recevoir, redonner à notre tour est vraiment au coeur de la transmission et au coeur de notre dignité, de notre humanité et de notre intelligence d’être humain, quand nous nous en servons bien. Qu’est-ce que je veux donner aujourd’hui ? Qu’est-ce que je veux redonner ? » Transmetteurs conscients ou inconscients, nous  sommes observés : parlent notre sourire, notre regard, notre ton, notre générosité, notre main ouverte, notre patience, nos mots...Nos attitudes parlent, encouragent ou découragent et ont des répercussions autant sur les enfants que sur les adultes. Se  transmettent le courage et son contraire, le respect et son contraire, la vérité et son contraire, l’honnêteté et son contraire, l’amour et son contraire... S’enracinent lentement dans les coeurs ces valeurs capables de fournir réponse à la question du chantre déjà cité : « Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ? ». « C’est tellement facile de donner, de donner comme un arbre donne de l’ombre de toute sa grandeur ! Mais comme c’est difficile de donner sans humilier, comme un frère qui ne fait que son devoir, qui partage avec ses frères ce qui leur appartient à eux aussi... » (Dom Helder Camara – extrait de Transmettre) Il est peut-être là le bonheur !

 

André Gadbois

Du 2022-11-05 au 2022-12-05

LE CARNET DE DÉLIA

Faites le peu que vous pouvez, le bon Dieu fera le reste.

(5 février 1922)

C’est le bon Dieu qui prépare l’avenir et ses vues ne s’accordent pas toujours avec les nôtres. Je ne veux pas dire que nos vues ne sont pas fréquemment bonnes, mais les conduites de Dieu déroutent souvent la sagesse humaine.

(21 février 1930)

Je suis bien convaincue que la formation de l’enfance c’est l’avenir d’un pays.

(14 juin 1931)

Parce que vous ne connaissez pas l’avenir, ce n’est pas une raison pour ne rien faire dans le présent. Il ne faut pas vous imaginer que les choses sont toujours claires comme on le voudrait; mais on fait ce que l’on peut dans le présent et on prie pour obtenir les lumières pour l’avenir. (16 janvier 1932)

 

Du 2022-10-12 au 2022-11-12

POUR QUE LA VIE EN SORTE GAGNANTE

Ma vie et les médias qui en font partie me rappellent quotidiennement qu’il y a présentement pas mal de monde dans les fossés, que ces fossés sont de plus en plus  diversifiés, profonds, et que les soigneurs/ Samaritains sont en nombre insuffisant. Les  soigneurs « officiels » et leur admirable compétence sont toujours là pour les grandes catastrophes de la Vie, mais il y a ces multiples « petites catastrophes » au jour le jour, malheureusement oubliées, dont l’importance négligée se transforme parfois en grandes catastrophes. Alors je m’interroge sans accuser personne : se pourrait-il que la famille soit un lieu d’apprentissage efficace et privilégié qui pourrait permettre à ses membres autant d’éviter de vilaines blessures que de porter secours à celles et ceux abandonnés dans le fossé ? Les familles sont-elles conscientes qu’elles sont, un peu comme Jésus, des pédagogues de première ligne pour initier leurs membres à l’art de porter attention et à celui d’utiliser l’huile de la tendresse ?

LE BUT DE  L’ÉDUCATION

Qui mieux que la famille est bien placée pour développer chez ses enfants la façon de s’approprier, de savoir attendre sans être crispé, d’entendre la souffrance cachée dans les mots de l’autre, de tenir le coup même si ça saigne, de partager; qui mieux que la famille est bien placée pour « enseigner » à ses enfants l’importance de reconnaître humblement ses forces et ses limites, de chercher sans cesse la vérité, d’apprécier le silence et la solitude, de pardonner, de servir en premier lieu le plus affaibli, d’être attentif à son environnement. Comme le disait Simone Weil citée par le théologien québécois décédé André Naud : Il faut faire attention à l’attention. L’attention est la présence éveillée à l’autre : c’est le but de l’éducation. La famille est un lieu  d’apprentissage à l’attention. À une époque où tout est mis en oeuvre pour nous distraire et nous divertir, qui, sinon la famille, osera humaniser notre société centrée sur le moi, moi, moi ? Un moi qui, parce que distrait, ne voit pas les fossés et risque de s’y ramasser un jour. Qui l’en sortira ? Jésus n’a proposé aucun modèle familial, mais il a cherché à sensibiliser son entourage à la présence et à l’importance des petits enfants afin que la Vie en sorte gagnante. Et la Vie en sortira gagnante non pas si le déficit zéro est atteint ou si les églises sont remplies à craquer, mais si la société s’humanise et que les familles deviennent des lieux d’apprentissage de l’attention et de la tendresse. Qu’apprenons-nous présentement à nos enfants ? À quels messages les exposons-nous ? Vers quoi dirigeons-nous leur attention ? À qui les confions-nous ? Quel temps leur accordons-nous ? Et quel est le contenu de ce temps accordé ?

 

AU PLUS FORT LA POCHE

De nos jours, les dirigeants des pays de notre planète font des choix inquiétants qui mettent la Vie en échec et l’empoisonnent à petites doses : armement, pollution, monopoles, intimidation, dictatures, OGM, compétition effrénée... Nombre de jeunes sont devenus incapables de croire que les autres peuvent les regarder et se comporter envers eux avec respect, générosité, amitié, esprit de coopération ou avec une volonté d’exister et de faire ensemble.... On a l’impression que nous avons tous perdu confiance dans les institutions collectives. Pour que la Vie en sorte gagnante, les familles devront être soutenues de mille façons pour redevenir des pédagogues qui initient leurs membres à l’art de faire attention à l’autre et d’utiliser l’huile de la tendresse. La société qui est la nôtre efface de plus en plus la solidarité : c’est une société de marché basée sur la concurrence, la rivalité et la compétition. « Au plus fort la poche ! » Quand se vit la solidarité, « chaque membre se sent, par elle et grâce à elle, conforté dans la sécurité de son existence ». Voilà le vrai défi des familles d’aujourd’hui... le modèle familial à diffuser est très secondaire.

André Gadbois